Perspectives trimestrielles – Entre la résilience et la fragilité

L’espoir d’un atterrissage en douceur a pratiquement disparu. Andrew McCaffrey, chef mondial des placements chez Fidelity International, est d’avis qu’une récession se produira, mais peut-être pas avant un certain temps. Pour l’instant, nous alternons entre résilience et fragilité.

Première publication le 23 juin 2023 par Fidelity International.
Rédigé par Andrew McCaffrey, chef mondial des placements, Gestion d’actifs, Fidelity International.

Faits saillant

  • La résilience aujourd’hui, la fragilité demain
  • La voie à long terme en Chine
  • La confiance des entreprises se stabilise

Au cours des deux derniers trimestres, mes collègues et moi avons tenté de surmonter la « polycrise », une convergence de pressions qui, selon nous, pourrait forcer les banques centrales à resserrer excessivement leur politique monétaire et déclencher des récessions marquées. La polycrise a poussé les marchés à alterner entre résilience et fragilité en raison, d’une part, de l’abondance de liquidités et de la vigueur des marchés du travail et, d’autre part, des répercussions différées de la politique monétaire et du resserrement des critères d’octroi de prêts.

La résilience aujourd’hui, la fragilité demain

La récession la plus attendue de l’histoire ne s’est toujours pas concrétisée. L’épargne excédentaire accumulée pendant la pandémie et le resserrement continu du marché du travail font en sorte que les conditions financières prennent plus de temps que prévu à s’améliorer. Néanmoins, la récession se produira lorsque les effets à retardement des politiques monétaires finiront par se faire sentir. La résilience d’aujourd’hui sème le vent de la fragilité de demain.

Le scénario le plus probable est une récession cyclique au cours de laquelle le taux de chômage aux États-Unis passerait de 4,4 % à 6,5 % au cours des 12 prochains mois. Un atterrissage en douceur semble désormais hors de portée.

La voie à long terme en Chine

Malgré un démarrage en trombe, le rebond de la Chine depuis la fin de sa politique zéro COVID a déçu les investisseurs. Les estimations de bénéfices sont à la baisse, le taux de chômage des jeunes a atteint un sommet record et les consommateurs chinois n’ont pas retrouvé leur envie de dépenser.

Toutefois, la reprise de l’économie chinoise n’est pas pour autant terminée. La confiance ébranlée des consommateurs n’est pas surprenante compte tenu des restrictions sévères imposées depuis trois ans. Pourtant, il y a des points positifs, notamment des politiques monétaires et budgétaires accommodantes et un cadre réglementaire en cours d’amélioration. Par ailleurs, de nouvelles mesures de relance pourraient être adoptées prochainement. Il reste que le décalage entre les attentes du marché et la réalité de la reprise a entraîné une forte décote du cours des actions chinoises.

La confiance des entreprises se stabilise

Au début de l’année, les analystes de Fidelity International ont observé une érosion de la confiance des entreprises qu’ils surveillent, ce qui nous a amenés à nous demander si cette confiance stagnait ou si elle marquait tout simplement une pause. Un regain de confiance en juin porte à croire qu’il s’agissait bien d’une pause, d’autant plus qu’un effondrement complet du secteur des produits financiers semble avoir été évité.

Malgré tout, nous percevons l’amélioration de la confiance des entreprises comme un signe possible de complaisance, compte tenu des effets à retardement des politiques mises en œuvre. Les pressions persistantes des coûts salariaux dans les marchés développés donnent à penser que les banques centrales sont loin d’avoir fini de relever les taux, même si les coûts autres que ceux de la main-d’œuvre sont susceptibles de devenir déflationnistes pendant ce trimestre. La majorité des analystes de Fidelity International anticipent toujours une récession au cours des 12 prochains mois.