Perspectives de placement de l’Asie pour le troisième trimestre de 2024 – Les changements apportés aux politiques justifient l’optimisme des investisseurs

Les mesures de relance et les réformes visant à remédier aux problèmes cycliques et structurels devraient dynamiser les marchés asiatiques.

Première publication en juin 2024 par Fidelity International.
Par Martin Dropkin, chef des actions, Asie-Pacifique

Faits saillants

  • Des réformes qui récompensent les actionnaires
  • Chine : signes de reprise et l’immobilier
  • Ailleurs : les autres segments favorables

Dans les courses de bateaux-dragons, la rapidité d’un bateau dépend non seulement de la vigueur avec laquelle les rameurs pagaient, mais aussi de la façon dont le barreur gouverne l’équipe. L’union des capacités physiques et intellectuelles permet de faire progresser l’équipe vers la ligne d’arrivée.

On peut ici dresser un parallèle avec les marchés de l’Asie, dont plusieurs bénéficient actuellement des mesures prises par le gouvernement pour stimuler les économies locales (les capacités « physiques ») ainsi que des réformes des marchés des capitaux et des transitions économiques axées sur la croissance à long terme (les capacités « intellectuelles »). Lorsque les deux travaillent de concert, la région attire les investisseurs. 

Des réformes qui récompensent les actionnaires

Les réformes de la gouvernance d’entreprise ont été un thème récurrent à l’échelle de l’Asie au cours des derniers mois. La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont intensifié leurs efforts pour inciter les entreprises à augmenter leurs dividendes et leurs rachats d’actions. 

La directive en neuf points de la Chine, qui a été dévoilée en avril, comprend des mesures pour encourager les distributions de dividendes et corriger les failles en ce qui concerne la gouvernance d’entreprise. Plus tôt cette année, la Corée du Sud a présenté son programme de valorisation des entreprises (Corporate Value-up Program) afin d’atténuer la « décote coréenne ». Au Japon, les projets de réforme de la gouvernance d’entreprise ont été renforcés il y a plus d’un an, lorsque la Bourse de Tokyo a commencé à exercer des pressions sur les entreprises pour les amener à accroître les rendements pour les investisseurs. 

Les changements en cours devraient favoriser les ratios de distribution des dividendes dans la région. Au cours des cinq dernières années, les ratios moyens de distribution des dividendes des sociétés chinoises, sud-coréennes et japonaises se sont établis à 31 %, 33 % et 40 %, respectivement (voir le Tableau 1). Le ratio moyen est de 48 % à l’échelle mondiale et de 65 % en Europe – il y a donc encore du chemin à faire. Il faudra peut-être un certain temps avant que les « coqs de fer » de l’Asie – un terme que les Chinois utilisent pour décrire les entreprises qui ne versent pas de dividendes – modifient leur façon de faire, mais nous avons constaté de nettes améliorations jusqu’ici cette année. Les réformes de cette nature contribueront à renforcer l’attrait des sociétés qui affichent une croissance constante de leurs dividendes et permettront aux marchés financiers locaux de réaliser des progrès fort attendus. 

La Chine, le Japon et la Corée du Sud accusent un retard par rapport à la plupart de leurs pairs asiatiques et à la moyenne mondiale au chapitre des distributions de dividendes
Graphique dont chaque barre correspond au pourcentage moyen de distribution des dividendes d’un pays au 31 mai 2024. L’Australie arrive confortablement en tête, avec un ratio moyen de distribution des dividendes impressionnant de plus de 80 %, tandis que des pays comme le Japon, l’Inde, la Corée du Sud et la Chine tirent de l’arrière avec des ratios moyens allant d’environ 40 % à aussi peu que 30 %. Taïwan semble être l’exception dans cette région, grâce à un ratio moyen de distribution des dividendes d’environ 60 %, bien supérieur à celui de ses voisins.

Source : Bloomberg, MSCI and Fidelity International, June 2024.
Note: Figures reger to the average dividend payout ratio for the past five years. Data as at May 31, 2024.

Chine : signes de reprise et immobilier

Nos perspectives en ce qui concerne la « stabilisation contrôlée » de la Chine cette année demeurent intactes, puisque des signes de reprise continuent d’émerger dans plusieurs secteurs de l’économie du pays. 

Nous constatons notamment un redressement du secteur de la fabrication, qui est soutenu par une résurgence de la demande à l’étranger et par la priorité que Beijing accorde à la production de haute technologie. Les fabricants de véhicules électriques, d’équipement d’imagerie médicale et de machinerie lourde ciblent les marchés étrangers, puisque la demande intérieure reste modeste. 

Nous observons aussi certains signes positifs du côté de la consommation, comme la remontée des voyages tout inclus. 

Cela dit, le secteur anémique de l’immobilier, qui représente une partie importante de la richesse des ménages chinois, continue de plomber la confiance des consommateurs. 

Au mois de mai, les décideurs ont accéléré leur soutien à ce marché en difficulté, soucieux d’absorber les logements invendus tout en évitant les nouvelles bulles spéculatives. Ces politiques ne visent toutefois pas à provoquer une nouvelle accélération de la croissance économique. Elles visent plutôt à mettre en place une stabilisation de l’immobilier afin de faciliter une transition continue et pluriannuelle vers un nouveau modèle de croissance alimenté par la consommation et la fabrication d’articles haut de gamme. 

Nous croyons que les décideurs resteront concentrés sur les objectifs de transition économique, mais qu’ils auront également recours à un assouplissement ciblé et contracyclique des politiques afin de stimuler l’économie et de rétablir la confiance des entreprises et des consommateurs.

Rattrapage du retard – Les investissements dans le secteur manufacturier de la Chine augmentent, alors que ceux dans l’immobilier reculent
Graphique linéaire comportant quatre lignes horizontales qui représentent les tendances des investissements dans les secteurs de la fabrication, de l’immobilier, des infrastructures et des investissements en immobilisations en Chine entre 2016 et 2024. Les quatre lignes affichent une progression plutôt stable de 2016 à 2020; seul le secteur des infrastructures a affiché de la turbulence, passant de plus de 25 % en 2017 à environ 5 % en 2019. Les quatre secteurs ont connu une forte baisse de 25 % à 30 % en 2019. En 2021, nous constatons une solide remontée de près de 50 %, qui s’est traduite par un sommet historique dans notre fourchette de 2016 à 2024. Toutefois, après 2021, le secteur de la fabrication a bien fait jusqu’au début de 2024, contrairement à l’immobilier, qui a dégringolé d’environ 35 % à 40 % depuis 2021.

Source: China National Bureau of Statistics, iFind and Fidelity International, June 2024.
Note: Figures show cumulative year-on-year growth in China's fixed asset investments.

Ailleurs : les autres segments favorables

Pendant que la Chine se concentre sur sa reprise, ses pairs asiatiques vont résolument de l’avant. 

Ainsi, l’Inde tire parti d’une dynamique de croissance robuste, d’une population active  importante et de dépenses de consommation vigoureuses. 

En même temps, le résultat surprise des élections, qui n’ont pas permis au premier ministre Narendra Modi d’atteindre la majorité qu’il espérait, a provoqué une certaine volatilité sur les marchés indiens. Nous nous attendons à ce que le gouvernement de l’Alliance démocratique nationale (National Democratic Alliance ou NDA) soit soumis à certaines contraintes, mais cela ne devrait pas se répercuter sur les perspectives de croissance à long terme du pays. Un gouvernement de coalition assujetti à davantage d’automatismes régulateurs devrait contribuer à la confiance des investisseurs. À court terme, nous nous attendons à une certaine consolidation des secteurs à petite et à moyenne capitalisation, où les valorisations se situent à des niveaux effervescents, ainsi qu’à une évolution positive des sociétés de services financiers et des entreprises axées sur les consommateurs. 

Dernier point, mais non le moindre : Taïwan, centre où l’on trouve les plus grandes entreprises de haute technologie au monde, constitue maintenant un segment considérable des chaînes d’approvisionnement mondiales. Nous sommes encore à un stade précoce du cycle de technologie, et le scénario en constante évolution de l’intelligence artificielle continuera d’alimenter la demande pour les puces avancées et de soutenir l’optimisme entourant les sociétés de premier plan de Taïwan. 

Même si les lueurs d’espoir se multiplient, nous continuerons de surveiller les risques au cours des mois à venir, qu’il s’agisse des tensions géopolitiques ou de l’incidence des taux américains plus hauts plus longtemps sur les monnaies d’Asie. Quoiqu’il en soit, les politiques de soutien et les réformes à long terme devraient donner aux investisseurs plusieurs raisons de se réjouir durant le troisième trimestre.