Sondage 2025 des analystes : Chine – À quoi devraient s’attendre les investisseurs à mesure que les politiques changent

La Chine est confrontée à une série de difficultés économiques : crise du secteur du logement, risques persistants de déflation, morosité de la demande des consommateurs et possibles hausses des tarifs douaniers du côté des États-Unis. Pourtant, les analystes de Fidelity International sur le terrain perçoivent un certain nombre de domaines prometteurs, tandis que le gouvernement chinois poursuit son soutien à la croissance en 2025.

Première publication le 22 janvier 2025 par Fidelity International.
Rédigé par Monica Li, directrice en chef de la recherche, et Judy Chen, rédactrice en placements.

Les doutes à l’égard des investissements en Chine ont refait surface l’an dernier, alors que le pays était aux prises avec une série de difficultés économiques. Toutefois, d’après notre enquête annuelle auprès des analystes, les mesures de relance du gouvernement devraient atténuer les pressions à la baisse qui s’exercent sur l’économie et améliorer les perspectives de bénéfices dans un certain nombre de secteurs.

Tableau 1 – Les analystes en Chine espèrent beaucoup de la politique budgétaire… Quelles sont vos attentes concernant l’incidence de la politique budgétaire sur vos entreprises?
Graphique montrant le pourcentage d’analystes qui ont répondu à la question : « Quelles sont vos attentes concernant l’incidence de la politique budgétaire sur vos entreprises? ».  Les attentes étaient positives en Asie (hors Japon, hors Chine), en Chine, au Japon, en Amérique du Nord et à l’échelle mondiale.  En revanche, en Amérique latine et en Europe, les attentes négatives comme les attentes positives étaient proches de 50 %.
Le graphique montre le pourcentage d’analystes qui ont répondu à la question. Les analystes qui ont répondu « Aucune incidence » ne sont pas représentés dans le graphique. Source : Fidelity International, janvier 2025.
Tableau 2 – … et de la politique monétaire Quelles sont vos attentes concernant l’incidence de la politique monétaire sur vos entreprises?
Graphique à barres montrant le pourcentage d’analystes qui ont répondu à la question : « Quelles sont vos attentes concernant l’incidence de la politique monétaire sur vos entreprises? ». Même si la plupart des régions étaient très proches d’une répartition à 50/50 des attentes positives et négatives, la Chine a affiché les attentes les plus positives, avec près de 75 % d’attentes positives. L’Amérique latine a été la seule région à afficher des attentes seulement négatives.
Le graphique montre le pourcentage d’analystes qui ont répondu à la question. Les analystes qui ont répondu « Aucune incidence » ne sont pas représentés dans le graphique. Source : Fidelity International, janvier 2025.

Les analystes de Fidelity en Chine ont des attentes élevées à l’égard des politiques budgétaire et monétaire en 2025 : plus de 70 % d’entre eux affirment que la politique monétaire aura une incidence positive sur les données fondamentales des entreprises, et plus de 80 % en disent autant des plans budgétaires. Ces deux ratios sont les plus élevés à l’échelle mondiale.

« L’économie ralentit », affirme Eric Tse, analyste boursier couvrant les entreprises automobiles chinoises. « Toutefois, ce ralentissement devrait être compensé par des mesures de relance visant à stimuler la consommation intérieure et à réduire l’offre excédentaire. »

Changement de cap en faveur de la croissance

Après des mois d’actions en ordre dispersé qui n’ont pas réussi à relancer l’économie, la Chine a dévoilé un vaste ensemble de mesures de relance à la fin de l’année dernière, dont des réductions de taux d’intérêt, un soutien au marché immobilier et la possibilité pour les citoyens d’échanger leurs anciens produits contre des modèles plus récents subventionnés afin de stimuler la consommation. En décembre, lors de la Conférence centrale sur le travail économique, qui établit les cibles économiques pour l’année à venir, les dirigeants chinois se sont également engagés à accroître les dépenses budgétaires et à assouplir la politique monétaire.

La création de la demande est devenue une priorité pour la Chine. Au début de 2025, le gouvernement a élargi le programme d’échange de produits destiné aux consommateurs et augmenté le financement pour les mises à niveau d’équipement industriel. Pour Eric Zhu, analyste boursier couvrant la consommation discrétionnaire, les mesures de relance mèneront à une reprise graduelle de ce segment de l’économie, qui a eu du mal à se redresser jusqu’à présent.

« Ainsi, les Chinois de la classe moyenne, qui disposent d’une épargne excédentaire et qui cherchent à renouveler ou remplacer des produits dans une mesure raisonnable, seront incités à dépenser davantage pour des biens discrétionnaires importants, comme des électroménagers, des meubles et des appareils électroniques grand public », dit-il. « De plus, la Chine assouplit les exigences de visa pour les étrangers, ce qui stimulera la venue de touristes. Les secteurs de l’hôtellerie et du voyage, et d’autres secteurs de consommation connexes, en profiteront. »

Perspectives de bénéfices

Il n’est pourtant pas certain que de telles mesures de relance suffiront à contrebalancer complètement les difficultés économiques structurelles combinées à de possibles tarifs douaniers américains. La demande intérieure a eu du mal à se redresser, car la morosité persistante de l’immobilier et la faiblesse du marché de l’emploi pèsent sur la confiance des consommateurs et des entreprises, ce qui accentue les pressions déflationnistes, même si la banque centrale a assoupli sa politique monétaire.

En plus des difficultés intérieures, des pressions viendront de l’étranger. Le président américain Donald Trump, qui est entré en fonction en janvier, a menacé d’imposer jusqu’à 60 % de tarifs douaniers sur les produits chinois. Selon notre enquête, 11 % des analystes estiment que les risques géopolitiques auront une incidence nettement négative sur les données fondamentales des entreprises chinoises, soit le taux le plus élevé à l’échelle mondiale. Les deux tiers des analystes entrevoient un impact légèrement négatif, soit le taux le plus élevé pour l’Asie.

Tableau 3 – Les analystes en Chine s’attendent à ce que la situation géopolitique entraîne d’autres baisses. Selon vous, quelle incidence le risque géopolitique aura-t-il sur la rentabilité de vos entreprises au cours des 12 prochains mois?
Graphique montrant le pourcentage d’analystes qui ont répondu à la question : « Selon vous, quelle incidence le risque géopolitique aura-t-il sur la rentabilité de vos entreprises au cours des 12 prochains mois? » Aucun analyste n’a choisi la réponse « Impact nettement positif ».  Toutes les régions ont affiché une incidence modérée à importante, à l’exception de l’Amérique du Nord, qui semble présenter le plus grand nombre de réponses « Aucune incidence ».
Le graphique montre le pourcentage d’analystes qui ont répondu à la question : « Selon vous, quelle incidence le risque géopolitique aura-t-il sur la rentabilité de vos entreprises au cours des 12 prochains mois? » Aucun analyste n’a choisi la réponse « Impact nettement positif ». Source : Fidelity International, janvier 2025.

Alors qu’on ne sait pas encore qui sera le vainqueur du bras de fer entre la politique de relance et les défis macroéconomiques, moins de la moitié (44 %) des analystes en Chine s’attendent à ce que les marges de leurs entreprises augmentent modérément au cours des 12 prochains mois, contre 67 % au Japon et 56 % ailleurs en Asie. Parmi les répondants chinois, 44 % estiment que les marges demeureront inchangées et 11 % prévoient une détérioration modérée1.

« Les équipes de direction des entreprises axées sur le marché intérieur auront besoin de constater un regain de dynamisme avant de se sentir assez confiantes pour investir », déclare Teddy Gao, analyste boursier couvrant les sociétés à petite capitalisation. « Cela dit, les entreprises tournées vers l’exportation augmenteront leurs dépenses en immobilisations afin de relocaliser leur capacité hors de la Chine. »

Plus de la moitié (56 %) des analystes estiment que le niveau de confiance des équipes de direction est le même que l’an dernier. Seuls 28 % se montrent plus positifs.

Des exceptions importantes

Malgré ce qui précède, les analystes de Fidelity ont mis au jour de nombreux thèmes dans divers secteurs d’activité chinois qui les poussent à être plus optimistes.

Pour Duanting Zhai, analyste des actions du secteur des soins de santé, les données fondamentales des entreprises chinoises de matériel médical s’amélioreront en 2025 à mesure que ces dernières profiteront du programme d’échange du gouvernement.

Plus important encore, précise-t-elle, les acteurs nationaux ont tendance à mettre rapidement à niveau leurs technologies et à combler l’écart qui les sépare de leurs homologues mondiaux, ce qui les aidera à gagner des parts de marché à long terme.

Les dividendes et les rachats d’actions remontent dans les priorités des entreprises. Alex Dong, analyste boursier couvrant les sociétés du secteur des produits de première nécessité, affirme que les actions affichant des flux de bénéfices durables et des paiements de dividendes en hausse seront plus résilientes dans un contexte de reprise graduelle de la demande des consommateurs.

Environ 60 % des analystes chinois s’attendent à ce que les entreprises qu’ils suivent augmentent modérément leurs versements totaux de dividendes cette année. Ce taux est supérieur aux 38 % relevés en Asie-Pacifique (hors Chine, hors Japon), bien qu’il soit toujours à la traîne par rapport au Japon, qui se situe à près de 90 %, soit le taux le plus élevé à l’échelle mondiale.

Confrontée à des sanctions commerciales de la part des États-Unis, la Chine a accru son soutien au secteur local des semi-conducteurs afin de devenir autosuffisante en production de puces. Les fabricants nationaux d’outils pour semi-conducteurs commencent à faire des progrès dans le développement de machines plus perfectionnées pour produire des puces de pointe.