Immobilier mondial : l’Europe en bonne posture

Alors que les marchés mondiaux digèrent les répercussions du « jour de la libération » et des droits de douane changeants, les rendements du secteur immobilier européen sont relativement bons. Aux États-Unis, l’offre excédentaire et les taux d’inoccupation pèsent sur les rendements, tandis qu’en Europe, le rapport offre/demande est plus équilibré, les taux d’inoccupation sont plus bas et les nouveaux projets sont moins nombreux. Examinons le potentiel de croissance des revenus dans cette région malgré le contexte macroéconomique plus difficile.

Article original publié par Fidelity International en juin 2025.
Rédigé par Cian O’Sullivan, analyste principal en recherche sur l’immobilier européen

 

Faits saillants

  • La résilience des données fondamentales sur les marchés immobiliers européens devrait stimuler la croissance des revenus, surtout par rapport au marché américain, même dans un contexte de faible activité économique.
  • La transition vers la carboneutralité en Europe est plus facile à prédire, ce qui ouvre des possibilités d’investissement à long terme dans la pérennisation des actifs grâce à la remise en état et au repositionnement.
  • Un effort de relance budgétaire sans précédent devrait stimuler la plus grande économie européenne au cours des cinq prochaines années, tandis que les progrès réalisés dans la maîtrise de l’inflation donnent une marge de manœuvre permettant l’adoption, au besoin, de politiques monétaires propres à alimenter la croissance à court terme.

Le brouillard ne s’est pas encore levé sur les répercussions du « jour de la libération » et des revirements concernant les droits de douane annoncés par les États-Unis, mais les excellents résultats boursiers obtenus par les titres du secteur immobilier européen au cours de cette période illustrent, du moins partiellement, le profil de croissance défensive de ce marché. En effet, les faibles taux d’inoccupation qui caractérisent la plupart des secteurs et des pays européens devraient stimuler la croissance des revenus, même si la croissance économique s’avère plus faible en raison de l’incertitude causée par les droits de douane.

Étant une classe d’actifs sensible aux taux, l’immobilier européen a également été soutenu par les prévisions plus modestes concernant les taux d’intérêt à court terme et les rendements des obligations d’État à long terme depuis l’annonce des droits de douane. Jusqu’à très récemment, ces facteurs avaient exercé une influence négative, compte tenu de la vente massive d’obligations souveraines déclenchée par le train de mesures budgétaires annoncées par le nouveau gouvernement allemand en mars.

À part les taux d’inoccupation modérés, voici les principaux facteurs à prendre en compte : une offre future largement limitée en Europe, la poursuite de la hausse des loyers et les possibilités de croissance à long terme associée à la décarbonation des actifs. Selon une optique macroéconomique, les dépenses budgétaires devraient soutenir la croissance économique à moyen terme. Par ailleurs, des perspectives plus équilibrées sur le plan de l’inflation signifient que la politique monétaire est mieux à même de soutenir les marchés malgré l’incertitude qui pourrait se manifester à brève échéance.

Dans l’ensemble, le marché européen du crédit immobilier semble un peu plus robuste que son homologue américain. Cela dit, aucun de ces deux marchés n’affiche de signes de détresse évidents. La baisse récente des taux des obligations souveraines et les prévisions plus modestes concernant les taux d’intérêt en Europe devraient également offrir une certaine protection contre les dépréciations sur le Vieux Continent, tout en favorisant le refinancement.

La situation est moins claire aux États-Unis. D’une part, la probabilité accrue de récession pourrait mener à de nouvelles baisses de taux d’intérêt; d’autre part, les prévisionnistes anticipent une augmentation de l’inflation, ce qui risque de restreindre la marge de manœuvre nécessaire pour procéder à de telles baisses. L’amélioration de la confiance des investisseurs est donc une condition essentielle à remplir pour débloquer une nouvelle croissance des volumes d’opérations en Europe, avec quelques défis supplémentaires à relever aux États-Unis pour commencer.

Ainsi, même si les conséquences fâcheuses du « jour de la libération » grèvent encore l’immobilier européen, les fondements robustes et la nature essentiellement nationale de ce secteur lui donnent des atouts pour faire face aux défis et à l’incertitude à venir.

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